Certains en parlent comme d’une révolution équivalente au passage de la 2D à la 3D dans les jeux, alors que d’autres lui prévoit déjà un destin funeste. Je parle de la réalité virtuelle. Et tout le monde a son pronostic à son sujet. Alors marchera ? Marchera pas ? Une posture répandue et fatigante consiste à prédire son « flop », comme ce qu’a connu la 3D au cinéma ou le Kinect, afin de pouvoir fanfaronner sur un incroyable flaire à chaque fois qu’elle essuie une bévue. En ce qui me concerne je n’en sais rien. Je suis incapable de dire si cette nouvelle technologie va exploser, se ramasser ou s’installer sur le long terme, et j’ajouterais que là n’est pas la question. Pour être un brin familier, je dirais même que je m’en fiche parce que moi j’ai envie de la réalité virtuelle (bien que je n’aime pas ce terme). Et puisque c’est pour des raisons qui ne sont presque jamais évoquées dans le débat, j’aimerais vous en faire part.
Tout ce qui brille n’est point or
Commençons par ce qui ne va pas avec ces casques, comme ça j’en serais débarrasser et je pourrais aller plus vite à l’essentiel. Parce que oui, j’en suis partisans mais je reste sceptique. Savez-vous ce qui provoque les migraines chez beaucoup de personnes au cours des séances 3D au cinéma ? Je l'ai appris en regardant Arte. Cela est dû à l’incapacité des yeux à faire la « mise au point » correctement. Il y a une incohérence entre l’effet de profondeur qu’offres la 3D et la distance réel (plus proche) entre l’écran et le spectateur. Théoriquement c’est un problème qui devrait subsister avec ces casques et je me demande bien comment ils vont pouvoir le résoudre.
Mais la Réalité virtuelle, pourquoi aujourd’hui et non pas il y a 10 ans ? Parce que la technologie le permet en 2016 ? Pourtant pour éviter tout désagrément les expériences doivent tourner aux alentours de 90 fps si je ne trompe pas. Or c’est un taux de rafraichissement encore très dur à atteindre. De même, la résolution aurait besoin d’être plus élevée (bien au-delà du fullHD) que ce que la plupart des jeux et matériels peuvent offrir à l’heure actuelle. Voilà qui me turlupine un peu.
Voilà qui conclue déjà cette partie. Il est temps de laisser derrière nous toutes ces questions, pourtant très importantes, pour que je puisse vous avouez en quoi la réalité virtuelle et la 3D me font rêver.
Moi et la 3D
Entre la 3D et moi c’est une histoire d’amour qui a débuté quand j’ai découvert qu’avec un ordinateur et les bons logiciels, je pouvais créer mes propres expériences stéréoscopique. J’ai alors expérimenté tout ce que je pouvais dans ce domaine avec des petites lunettes rouge/cyan en carton. J’avais même entamé l’écriture et effectuer moult tests pour réaliser un film entièrement en 3D. J’ai en effet l’avantage d’être particulièrement sensible à la stéréoscopie (effet de relief créer grâce à la combinaison de deux point de vue légèrement distant) et je suis de ce fait très friand des expériences qu’elle peut offrir.
Deux aperçus de mon travail sur la stéréoscopie (il faut les voir avec les lunettes rouge/cyan naturellement)
Forcement j’ai fini par vouloir jouer aussi en 3D, et je n’ai aucun mal à admettre que les lunettes rouge/cyan ont leurs limites dans ce domaine. Je n’ai pas insisté.
La simulation reine de la réalité virtuelle
Comme je ne manquerais pas de le dire dans de futurs post je suis un amateur de simulation. Et, pour mes camarades cheminots ou pilotes virtuelles, je pense que ces casques sont la meilleure chose qu’il pouvait nous arriver. Désormais on pourra plonger dans nos jeux/simulations pour se retrouver en plein vol au-dessus des montagnes népalaises au lever du jour, dans le ciel new yorkais une nuit d’hiver en pleine tempête de neige ou aux commandes d’une locomotive à vapeur au cœur de l’Autriche et en direction d’Istanbul.
Flight Simulator et Xplane (les deux jeux de référence) ne sont pas les plus beaux de la création, mais l’expérience risque néanmoins d’être sensationnel et dépaysante.
La simulation de train peut aussi tirer son épingle du jeu
Et pour ceux qui sont moins rêveur il y aura les sombres et peu rassurant tunnels du métro londonien ou les péages de l’A16 au volant d’un poids lourd. Si beaucoup de genre du jeu-vidéo vont se retrouver magnifiés, les simulations quant à elle vont presque trouver une raison d’exister chez ceux qui s’en moquaient totalement jusqu’ici. Et que dire des, plus populaires, simulations automobiles dont Project Cars ne manquera pas d’être le digne représentant. Je trépigne d’impatience d’avoir le casque (réel et virtuel) vissé sur la tête pour écumer les grand prix. J’ai seulement peur de ne jamais plus pouvoir jouer à tous ces jeux sur un écran plat après.
Euro Truck Simulator 2 va assurément faire parler de lui à la sortie des casques de réalité virtuelle
Project Cars a déjà anticipé l’arrivée d’Oculus Rift avec une vue à l’intérieur du casque. Assez peu pratique sur un écran, elle risque d’être croustillante avec le casque.
Les expériences de rêve
Selon moi, peut-être qu’à termes on devra repenser le terme de « jeux-vidéo ». Je crois qu’ « expériences vidéo-ludiques » serait plus cohérent. Et je pense justement à ces expériences qui nous attendent. Nous n’allons pas en manquer. Beaucoup de projets passionnants naissent à gauche et à droite, menés parfois par trois ou quatre passionné(é)s dans un garage, un peu comme à la naissance du jeux-vidéo… Euh pardon. A la naissance des expériences vidéo-ludiques.
L’imagination et la curiosité sont des sources intarissables pour créer ces expériences On commencerait par des visites de musée ou de monument. Puis des visites de villes reconstitués, du début du XXème siècle jusqu’au temps des pharaons. On pourrait remonter l’histoire et revoir les dinosaures et la Pangée ou au contraire, plus tragique, l’accélérer pour assister à la fin de notre planète. Mais pas de panique des développeurs travailleront (si ce n’est pas déjà le cas) à recréer le système solaire dans son intégralité, avec l’aide des scientifiques, et on n’aura plus aucun mal à marcher sur Mars et croiser Curiosity, ou se rendre sur Pluton plus vite et mieux que New Horizons. Tous les endroits inaccessibles de l’univers nous ouvrent leurs bras. Vous oseriez les repousser ?
Vous êtes sur Pluton et le petit point au loin c’est le Soleil. On est peu de chose n’est-ce pas
Le sol vénusien imaginé par votre serviteur. Une fournaise inaccessible pour l’homme normal, mais pas pour celui équipé d’un casque VR
Mais les voyages spatiaux ont d’ores et déjà la côte avec Elite Dangerous ou Eve Walkyrie (même s'il s'agit plus de combat que de voyage, beurk...)
Au-delà du simple jeu et même de la simple expérience, on pourrait s’imaginer, à l’image de ce qu’il se fait avec les CD de bruitages destinés à la détente, avoir accès à un catalogue de lieux virtuelles ou filmés avec des caméras spécifiques pour s’évader. Après une dure journée, ou pour trouver de l’inspiration artistique, on mettrait notre casque pour se retrouver sur une plage à Tahiti ou dans une forêt équatorial verdoyante. Ras le bol des champs et des tracteurs, vous rêvez d’une ambiance plus saine faite de macadam, de métros et de bruit de Klaxon ? Il suffira de charger le programme et vous serez déjà loin.
Et les univers de fiction ne seraient pas en reste. La licence Star Wars se verra forcément décliné. A nous les batailles spatiales contre le premier ordre ou les joutes senatoriales sur Coruscante. Les fans du Seigneur des Anneaux vont devoir s’attendre à un long périple depuis la Comté jusqu’au terre dévasté du Mordor. Et je ne ferais qu’évoquer l’univers d’Alien dont le dernier titre Isolation risque de provoquer quelques crises cardiaque en réalité virtuelle.
Se retrouver dans l’univers d’Alien va être à la fois ultra jouissif et térrifroyable
Mon favori
Mais puisqu’il s’agit de mon article et de mon blog, il faut que je vous parle de mon petit chouchou. En tête de toutes les expériences ludiques que j’attends le plus : Titanic : Honor and Glory. Le projet (trop) ambitieux mené par trois jeunes gens avec la collaboration d’historiens. Leur but : récréer un Titanic virtuelle, identique au rivet prés, dans son intégralité. Mais aussi, le port de Southampton et une partie de la ville, les personnes réelles qui se trouvaient à bord et une reconstitution du naufrage auquel, naturellement, le joueur prendra part.
Il y a 5 ans, l’écran plat haute définition en aurait fait une expérience sympathique. Aujourd’hui s’il ne fonctionnait pas avec les casques de réalité virtuelle ce jeu n’aurait presque même plus de raisons d’exister
Je rappelle qu’ils ne sont que trois sur l’affaire et qu’ils financent tout cela avec une campagne de don. Vu le nombre d’admirateur que compte le Titanic à travers le monde il se pourrait qu’ils obtiennent les fonds suffisant. Il ne leur restera plus qu’à effectuer à trois le travail d’une équipe de 100 personnes.
Le jeu tournera avec le moteur Unreal Engine 4, dont on n’a pas fini d’entendre parler dans le monde de la réalité virtuelle. Une démo est déjà disponible sur le site, ainsi que des plans du paquebot représentant l’état d’avancement du projet (qui laisse présager d’une sortie pour les environs de 2023)
Faire revivre une tragédie qui a coutée beaucoup de vie humaine : vibrant hommage ou jeux malsain ? Ce sera au tribunal d’en décider
Vous n’avez pas, Madame vue subjective, le monopole de la réalité virtuelle
C’est là que mon point de vue diffère de tous les autres partisans de la réalité virtuelle. Selon moi l’utilisation des casques ne doit pas se cantonner à la vue subjective. Et oui, pour moi on peut jouer et s’amuser dans une réalité virtuelle à la troisième personne. Si je ne m’abuse d’ailleurs, un des jeux offerts (gracieusement) avec le casque Oculus à la précommande, Lucky’s Tale, est un jeu à la troisième personne.
Je n’ai aucun mal à m’imaginer jouer à Metal Gear Solid V avec un casque de réalité virtuelle. J’ai même un terme pour ça : l’effet jouet. On sera des enfants en train de manipuler leurs jouets sur un tapis gigantesque. Je me trompe peut-être, mais même l’idée de regarder un film 3D avec un casque me parait attrayante. Et pour ce qui est de la pornographie mon idée est la même, il n’est pas utile d’être plongée dans le corps d’un acteur (ou d’une actrice) avec la possibilité de regarder autour de soi pour rendre la chose intéressante/existante. Un point de vue statique filmée sur un pied fera l’affaire.
Je serais fou à l’idée de pouvoir regarder les grand prix de Formule 1 en réalité virtuelle
Alors qu’elle marche ou qu’elle ne marche pas cette réalité virtuelle qu’importe. Au moins on aura tenté quelque chose, au lieu de rester là immobile à idolâtrer le bon vieux temps d’avant et à jouer les oiseaux de mauvais augure à chaque fois que l’industrie veut faire preuve d’audace. On aura voulu faire quelque chose de la technologie et du temps qui s’offre à nous. Et si ce n’est finalement qu’un pétard mouillé qui en plus fais mal au crâne et donne le cancer des yeux, je ne regretterais pas d’y avoir cru et d’en avoir rêvé. Il y a ceux pour qui le jeu-vidéo doit strictement obéir à sa définition et ceux pour qui il est un objet malléable et fascinant avec lequel on peut expérimenter sans jamais manquer d’idée et s’offrir à des choses qui vont au-delà du simple jeu. Je vous laisse deviner de quel côté je me trouve.
Mais de tout cela, nous aurons souvent l'occasion d'en reparler.